Bulletin des anciennes

Si vous désirez recevoir le bulletin des anciennes en version numérique, merci de nous envoyer un mail en indiquant vos nom (marital et de jeune fille), prénom, années passées à Saint-Pie X à cette adresse : contact.st-pie-x@dominicaines.fr

Pour recevoir le bulletin en version papier, merci d’envoyer à l’adresse de l’école un chèque de 10 € pour un an,  à l’ordre de Madame Cécile CARLHIAN.

Extrait du bulletin de février 2019 – Faut-il différer le baptême des enfants ?

Un petit bébé est né. Il a la vie naturelle mais il ne possède pas la vie de Dieu dans son âme car il est né avec le péché originel, c’est-à-dire avec cet état de privation de la justice et de la sainteté originelle que Dieu avait donné à nos premiers parents. Il a donc besoin de renaître de l’eau et de l’Esprit-Saint pour pouvoir espérer entrer dans le Royaume des cieux.

Telle est la foi de l’Eglise parce que c’est la Révélation de Dieu. Jésus ne dit-il pas à Nicodème : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn 3, 5) ? La peine du péché originel est la privation de la vision de Dieu (cf. notamment la lettre du pape Innocent III à Humbert, archevêque d’Arles). C’est la raison pour laquelle le Catéchisme de l’Eglise Catholique peut dire : « Le Seigneur lui-même affirme que le Baptême est nécessaire pour le salut. Aussi a-t-il commandé à ses disciples d’annoncer l’Évangile et de baptiser toutes les nations (cf. Mt 28, 20) (cf. DS 1618 ; LG 14 ; AG 5). Le Baptême est nécessaire au salut pour ceux auxquels l’Évangile a été annoncé et qui ont eu la possibilité de demander ce sacrement (cf. Mc 16, 16).

L’Église ne connaît pas d’autre moyen que le baptême pour assurer l’entrée dans la béatitude éternelle ; c’est pourquoi elle se garde de négliger la mission qu’elle a reçue du Seigneur de faire « renaître de l’eau et de l’Esprit » tous ceux qui peuvent être baptisés » (CEC 1257). L’Eglise ne connaît pas d’autres moyens. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut y en avoir d’autres de facto. Car si Dieu a lié le salut au sacrement du Baptême, Il n’est pas Lui-même lié à ses sacrements.

Dieu peut donner sa grâce en dehors des sacrements et Il le fait : nous connaissons  au  moins  deux  suppléances  du  « baptême d’eau » (le sacrement) qui sont le « baptême de sang » et le « baptême de désir » (cf. CEC 1258-1259).

Il peut  y  en avoir  d’autres. C’est ce que pense, par exemple, Dom Pateau, le Père Abbé de Fontgombault, qui a publié un excellent ouvrage de théologie sur la question du « salut des enfants morts sans baptême » (avant d’avoir atteint l’âge de raison). Mais il n’en demeure pas moins que le Catéchisme de l’Eglise Catholique poursuit : « Quant aux enfants morts sans Baptême, l’Église ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu, comme elle le fait dans le rite des funérailles pour eux. En effet, la grande miséricorde de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés (cf. 1 Tm 2, 4), et la tendresse de Jésus envers les enfants, qui lui a fait dire : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas » (Mc 10, 14), nous permettent d’espérer qu’il y ait un chemin de salut pour les enfants morts sans baptême. D’autant plus pressant est aussi l’appel de l’Église à ne pas empêcher les petits enfants de venir au Christ par le don du saint Baptême » (CEC 1261).

D’autant plus pressant est l’appel de l’Eglise !

Qui entend cet appel aujourd’hui ? Qui le relaie ? Combien de parents diffèrent beaucoup trop le baptême sacramentel de leur enfant ? Pourquoi laisser un petit enfant sous l’emprise du péché originel et du démon durant des mois ? Pourquoi ne pas lui donner rapidement la grâce de devenir le temple vivant de la Sainte-Trinité ? Que de négligences sur ce point dans la vie chrétienne de tant de fidèles ! Le baptême assure l’entrée dans la gloire à un petit enfant malheureusement décédé avant d’atteindre l’âge de raison et seul le baptême assure cette heureuse issue. La nécessité du baptême pour le salut n’est guère prêchée… C’est le moins que l’on puisse dire. Que dirait aujourd’hui l’évêque Bernard de Saintes qui édictait ce décret entre 1141 et 1166 : « Nous avons établi… que les enfants soient présentés au baptême en toute hâte de peur que, mourant sans la grâce baptismale, ils ne périssent » (cf. J-CH Didier, Faut-il baptiser les enfants ? La réponse de la tradition Paris, Cerf, 1967, p 224) ? Cette prescription n’est pas celle d’un autre âge qu’il faudrait regarder avec condescendance puisque nous serions, nous, des esprits modernes éclairés… C’est la conséquence pratique de la foi de l’Eglise.

Mais Jésus, « le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18, 8). En 1958 la Sacrée Congrégation du Saint-Office, avec l’approbation du vénérable Pie XII, avertissait les fidèles que « les enfants doivent être baptisés le plus tôt possible » (18 février). Cette volonté est rappelée, aujourd’hui encore, dans le Code de droit canonique qui régit la vie de l’Eglise : Can. 867 « § 1. Les parents sont tenus par l’obligation de faire baptiser leurs enfants dans les premières semaines ; ils iront trouver leur curé au plus tôt après la naissance et même avant, afin de demander le sacrement pour leur enfant et d’y être dûment préparés. § 2. Si l’enfant se trouve en danger de mort, il sera baptisé sans aucun retard ».

Il est bien évident que l’Eglise accueille aussi au baptême les enfants qui sont nés depuis plusieurs mois ou plusieurs années, parce que le baptême est l’instrument ordinaire du salut voulu par le Christ et qu’elle veut, comme Lui, que toute personne soit sauvée (cf. 1 Tm 2, 4). Cependant l’Eglise ne peut encourager cette pratique ou l’enseigner comme étant « bonne » ou « normale ».

Abbé Laurent Spriet

Extrait du bulletin d’octobre 2018 – anniversaire du rappel à Dieu de l’abbé Berto 17 décembre 1968

Quelques questions au Père Berto

 

L’Abbé Victor-Alain Berto a été rappelé à Dieu le 17 décembre 1968. Cinquante ans après, son héritage reste d’actualité. Nous l’avons interrogé pour vous (citations extraites de ses écrits).

 

Mon Père, vous êtes le fondateur des Dominicaines du Saint-Esprit.

Des Dominicaines ne peuvent avoir de vrai fondateur que Saint Dominique. Dieu s’est servi de moi pour les agréger à l’Ordre de Saint Dominique.

 

Pendant de longues années, avec les Mères, vous vous êtes occupé des orphelins et des enfants malmenés par la vie, au foyer Notre-Dame de Joie.

Pour les petits pauvres ont été les hosties de ma première messe. J’ai demandé à Notre-Seigneur d’aimer les pauvres, et de leur réserver toujours, dans mon ministère, une place de choix.

 

Pour eux, vous vous êtes fait « père de jeunesse ». A votre avis, quel est le but essentiel de l ‘éducation ?

La fin de l’éducation est que l’enfant en vienne à préférer librement pour toujours le vrai au faux, le bien au mal, le juste à l’injuste, le beau au laid, et Dieu à tout.

 

Votre conception de l’éducation n’est-elle pas fortement marquée du caractère dominicain, au Tiers-Ordre duquel vous appartenez, en particulier dans sa passion pour la vérité ?

En effet, là est notre vocation dominicaine : mettre la vérité dans les âmes, ou ce qui revient au même, mettre les âmes dans la vérité. C’est du reste la plus grande charité. Il faut se donner à la Vérité comme Marie s’est livrée à Dieu. Et il faut donner la vérité avec une grande humilité et une grande charité, comme Marie encore.

 

Et c’est pourquoi vous tenez à donner aux enfants une formation intellectuelle exigeante.

Oui, comme je l’écris à un petit du foyer, « continue à bien travailler pour être dans le vrai. La vérité est au-dessus de tout, car elle nous fait plus proches de Dieu. » « Il faut remplir ton esprit de toutes les vérités que tu peux attraper. »  Explications, versions, problèmes à résoudre sont autant d’occasions de découvrir la vérité cachée.

 

Comme parents, comme éducateurs, notre désir profond est que nos enfants soient heureux, vraiment heureux, non de l’ersatz de bonheur que nous propose la société consumériste, mais du bonheur des Béatitudes. Comment faire ?

Un enfant n’est pas heureux si on le gâte, si on cède à ses caprices, si on lui donne raison quand il a tort. Un enfant est heureux quand il est absolument sûr qu’on l’aime, tout simplement, mais qu’on l’aime pour lui-même, pour sa valeur infinie devant Dieu, sans défaillance, sans faiblesse, sans caprice – car il y a aussi les caprices des éducateurs, et même des papas et des mamans-, mais avec égalité, constance d’action, patience, fermeté inlassable. C’est cela aimer…

 

Cela, c’est l’idéal, bien difficile à réaliser. Dans la vie quotidienne, nous connaissons les échecs, les erreurs, nous sommes confrontés à nos limites…

Il n’est pas nécessaire que ce soit réalisé ; nul germe ne lève aussitôt que semé. Il suffit pour l’éducation que ce soit inculqué inlassablement. D’ailleurs, il n’est point en éducation de méthode infaillible. Avec les enfants, laissez-vous aller à la grâce du moment : plus on calcule, moins on y voit clair. C’est affaire au Saint-Esprit.

 

A notre époque de dispersion, comment apprendre à nos enfants la vie de prière ?

prière deSaint Pie X avait cent et mille fois raison de dire que « la participation active à la liturgie de l’Eglise est la source première et indispensable du véritable esprit chrétien ». La prière, composée de paroles empruntées à la liturgie et choisies parmi les plus expressives, accoutume l’enfant à modeler sa propre prière sur la l’Eglise.

 

A quelle qualité attachez-vous une importance particulière ?

La reconnaissance habite les bons cœurs ; qu’elle habite aussi les nôtres. Or, la meilleure reconnaissance, c’est la fidélité aux principes qu’on a reçus : la piété, la bonne conscience, la détestation du péché, le travail, la bonne humeur, l’entrain à faire son devoir…

 

Nous envisageons un pèlerinage en famille. Avez-vous une destination à nous suggérer ?

Rome ! Je veux « romaniser » nos enfants ! Car quel meilleur moyen de les « évangéliser » ? Rome est douce, accueillante aux humbles, maternelle aux petits, c’est une vraie patrie des âmes.

 

Pourtant, même au sein de l’Eglise sévit la tempête. Bientôt peut-être ne reconnaîtrons-nous plus l’Eglise.

Parole impie et sotte ! N’en croyez rien. L’Eglise demeurera le Corps et l’Epouse du Christ, la Mère des âmes, elle continuera à célébrer le Sacrifice eucharistique, à distribuer les sacrements. Pierre, dans son successeur, quel qu’il soit, demeurera dans la plénitude de la souveraineté apostolique. « Tu es le Rocher et sur ce rocher, je bâtirai mon Eglise, et toutes les forces de l’enfer ne l’emporteront pas contre elle. » Telle est notre foi d’aujourd’hui, telle sera notre foi de demain, la seule qui puisse nous sauver et sauver le monde de la barbarie, de l’esclavage, de la destruction.

A l’école du Père Chevrier, vous avez toujours cherché à soutenir vos frères prêtres, notamment à travers une fraternité sacerdotale diocésaine. A l’heure où le sacerdoce est si attaqué, que diriez-vous aux prêtres d’aujourd’hui, pour les fortifier dans leur mission ?

Que le prêtre soit reconnaissant à Dieu de son sacerdoce. Un prêtre qui a fait faire sa première communion à un petit enfant n’a plus jamais le droit de se plaindre de Dieu ; c’est Dieu qui a le droit de tout exiger de lui. Ainsi, le sacerdoce a été le bonheur inénarrable de ma vie.

Priez pour les prêtres, priez pour ceux qui seront prêtres. Que nos cœurs s’ouvrent grand, qu’ils se dilatent à la mesure de celui de Jésus, ou plutôt qu’ils deviennent, comme le Cœur de Jésus, des instruments et des organes de la Charité divine.

 

Mon Père, bénissez-nous.

Oui, je vous bénis, de tout mon cœur, avec grande tendresse et grand respect. Je bénis votre front, pour qu’il porte le signe de la Croix ; vos oreilles, pour qu’elles entendent les préceptes divins ; vos yeux, pour que vous voyiez la clarté de Dieu ; vos narines, pour que vous sentiez le parfum du Christ ; votre bouche, pour que vous disiez des paroles de vie. Je vous bénis afin que vous ayez la vie éternelle, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

 

Un dernier mot ? Nous avons besoin de courage sur le chemin de la sainteté !

Allez à Jésus en toute confiance. Vous n’avez pas autre chose à faire qu’à vous laisser aimer !

 

Pour aller plus loin :

 

Notre-Dame de Joie, Correspondance de l’Abbé V.A. Berto, NEL 1989

Le Cénacle et le jardin, intelligence et spiritualité du sacerdoce, DMM 2000

Guy Scriff, L’Abbé Berto et la mission de France, DMM 2002

Correspondance paternelle, Traditions monastiques 2018

Extrait du bulletin de mars 2018 - A propos de littérature

Catherine Bonneau, ancienne élève et professeur de lettres expérimenté, a bien voulu nous faire partager cette présentation de la littérature destinée à ses élèves. Nous l’en remercions : dans un contexte scolaire qui malmène de plus en plus les humanités, il nous semble primordial de réfléchir sur les bienfaits d’une solide formation littéraire.

Il y a quelques années, en 2001, a paru un livre intitulé Peut-on enseigner la  littérature française ? de Michel Leroy, qui apportait une réponse finalement négative à cette question a priori provocante, car on n’avait jamais pu clairement définir les objectifs de cet enseignement : la littérature « doit-elle apprendre à lire, à écrire, à penser, ou les trois à la fois ? » En effet, les enjeux apparaissent bien souvent extra-pédagogiques et extra-littéraires. On veut par exemple former de bons citoyens, « éduquer à la citoyenneté » (!), et les programmes se ressentent évidemment de ces objectifs idéologiques. Ne veut-on pas, en Terminale L, dans ces années qui voient remettre en question tous les fondements anthropologiques de la société, nous convaincre, par le biais du programme national imposé de Littérature, de la parfaite légitimité de ces bouleversements ?

Par ailleurs, depuis de très nombreuses années, des techniques trop formalistes d’analyse des textes les ont détournés de leur vocation première qui n’est pas d’illustrer tel ou tel procédé de structure ou d’argumentation ni un objet d’étude, mais d’exprimer la singularité d’une sensibilité, d’une pensée, d’une expérience unique, dans une forme qui lui est propre.

Or la littérature n’est pas une science, mais un art. Toute la difficulté vient de là : de tous les arts, il est le plus complexe qui soit parce qu’il utilise le matériau des mots,  du langage, qui ne lui est pas exclusivement réservé, mais sert à toutes les formes de communication, des plus simples aux plus sophistiquées, à la différence des autres arts comme la musique, la peinture, la sculpture, l’architecture, le cinéma, la photo, la danse, le chant… qui ont leur propre outil d’expression inséparable de la production de l’œuvre (la gamme des notes ne sert que pour l’écriture musicale, les couleurs et le pinceau pour la peinture, etc…). Ces autres arts se présentent à nous comme forme à l’état pur. Non pas bien sûr que ces arts ne soient pas signifiants, qu’ils ne veuillent pas « dire quelque chose », mais leur signification n’est pas dissociable de leur forme.

« Dans la musique, la forme est le contenu, et le contenu la forme » (G. Steiner), ou « Dans la musique, on ne saurait séparer la forme de la substance », (J.L. Borges in L’art de poésie).

Pour la littérature, il est beaucoup plus difficile de ne pas séparer d’emblée le fond (les mots, que nous utilisons tous les jours pour nous faire comprendre et qui veulent toujours « dire quelque chose ») et la forme (ils le disent d’une certaine façon).

Et c’est parce que la littérature a cette double identité, ajoutant le statut de discipline du sens (comme la philosophie) à celui de discipline artistique (ce que la philosophie ne cherche pas à être), qu’elle est proposée encore comme matière d’étude au lycée (malgré ce que tous les programmes et méthodes formalistes en ont fait), alors que l’enseignement de la musique et de la peinture – dans le meilleur des cas –  est réservé aux années de collège. En fait, tout texte littéraire est un objet d’art qui n’est plus immédiatement perçu comme tel.

Il y a par ailleurs une autre différence de taille, c’est qu’enseigner la littérature au lycée ne signifie plus enseigner à produire des textes littéraires comme au temps de la classe de Rhétorique (le seul exercice rescapé est le fameux « sujet d’invention » de 1°), alors que l’étude de la musique a toujours pour fin la pratique d’un instrument. Étudier la littérature   signifie apprendre à produire des analyses et des commentaires du fait littéraire, ce qui d’emblée semble faire porter l’intérêt principalement sur le sens. Pourtant, si c’est bien toujours en définitive la signification la plus juste que l’on recherche en étudiant une œuvre, cette fine compréhension ne se laissera aborder que par l’immersion dans la forme.

A partir de ces quelques réflexions, nous allons essayer, modestement, de tenter de définir plus précisément ce qu’est la littérature, ce qui nous permettra, je l’espère, de répondre plus positivement à la question posée initialement. Certes il est difficile d’enseigner la littérature, mais on peut au moins établir comme légitime et nécessaire de tenter cette gageure… même si « l’usage pédagogique de la littérature la détourne de sa finalité propre« , selon Michel Leroy.

(La suite de cet article est réservée aux abonnées)

Extrait du bulletin de juin 2017 - A lire : Le désastre de l’école numérique

Nous avons lu, aimé et vous recommandons :

 

Le désastre de l’école numérique

Plaidoyer pour une école sans écrans

Philippe Bihouix et Karine Mauvilly

Editions du Seuil, 17 €

 

Pendant que certains cadres de la Silicon Valley inscrivent leurs enfants dans des écoles sans écrans, la France s’est lancée, sous prétexte de « modernité », dans une numérisation de l’école à marche forcée – de la maternelle au lycée. Un ordinateur ou une tablette par enfant : la panacée ? Parlons plutôt de désastre.

L’école numérique, c’est un choix pédagogique irrationnel, car on n’apprend pas mieux – et souvent moins bien – par l’intermédiaire d’écrans. C’est le gaspillage de ressources rares et la mise en décharge sauvage de résidus dangereux à l’autre bout de la planète. C’est une étonnante prise de risque sanitaire quand les effets des objets connectés sur les cerveaux des jeunes demeurent mal connus. C’est ignorer les risques psychosociaux qui pèsent sur des enfants déjà happés par le numérique.

Cet essai s’adresse aux parents, enseignants, responsables politiques, citoyens qui s’interrogent sur la pertinence du « plan numérique pour l’école ». Et s’il fallait au contraire faire de l’école une zone refuge, sans connexions ni écrans, et réinventer les pistes non numériques du vivre-ensemble ?

Extrait du bulletin de février 2017 – Le sens du repos

Chères anciennes,

Le mois de mars nous invite à nous tourner vers saint Joseph, et à nous interroger… sur la qualité de notre repos. Le sommeil de Joseph n’est pas celui de l’insouciant ou du « doux rêveur » qui veut échapper à la réalité, mais au contraire celui de l’homme d’action et d’Espérance, qui dort du sommeil du juste car il sait qu’à chaque jour suffit sa grâce et sa peine.

Charles Péguy pensait sans doute à Saint Joseph quand il composa cette belle prière d’abandon :

Je n’aime pas celui qui ne dort pas, dit Dieu…

Je ne parle pas, dit Dieu, de ces hommes

Qui ne travaillent pas et qui ne dorment pas.

Ceux-là sont des pécheurs, c’est entendu.

C’est bien fait pour eux.

Ils n’ont qu’à travailler.

Je parle de ceux qui travaillent et qui ne dorment pas…

Ils ne me font pas confiance…

Ils ont la vertu de travailler.

Ils n’ont pas la vertu de ne rien faire.

De se détendre.

De se reposer.

De dormir…

Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour.

Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit.

Comme si je n’étais pas capable d’en assurer le gouvernement pendant une nuit.

Celui qui ne dort pas est infidèle à l’Espérance.

Dans un discours adressé aux familles à Manille le 16 janvier 2015, le pape François voit dans le sommeil de Joseph une attitude d’âme, comme un écho au Fiat de Marie : « Le repos de Joseph lui a révélé la volonté de Dieu. En ce moment de repos dans le Seigneur, en faisant une pause dans nos nombreux devoirs et activités, Dieu nous parle, à nous aussi… Le repos est essentiel pour notre santé spirituelle ; ainsi nous pouvons écouter la voix de Dieu et comprendre ce qu’il nous demande ».

Imitons notre saint Père, qui nous livre ensuite cette belle confidence : «Je voudrais vous dire une chose personnelle. J’aime beaucoup saint Joseph parce qu’il est un homme fort et silencieux. Et sur mon bureau j’ai une image de saint Joseph en train de dormir ; et en dormant il prend soin de l’Eglise ! Oui il peut le faire, nous le savons. Et quand j’ai un problème, une difficulté, j’écris un billet et je le mets sous saint Joseph, pour qu’il en rêve. Cela veut dire : pour qu’il prie pour ce problème ! »

Alors, bon repos avec saint Joseph !

N’hésitez pas à nous confier vos intentions, à nous associer à vos joies et à vos peines, vous savez comme nous les portons dans notre affection et notre prière.

Mère Marie Irénée o.p.